10 avril
Ce n'est pas toujours vrai (heureusement!) mais il arrive (heureusement aussi!) que nos actes révèlent clairement ce qu'on est et ce qu'on peut attendre de nous. Ainsi pour Macron, se remettre en mémoire la loi Macron II de 2015, dont un article proposait de réduire les délais d'autorisation de mise sur le marché de médicaments.
Est-ce une loi qu'on peut imaginer portée par le souci de l'intérêt général? Est-ce une loi qu'on peut supposer née de convictions intimes? Ou née d'une évolution scientifique avérée permettant de l'envisager? Naturellement non. Une telle loi ne peut trouver sa source que dans le soutien d'intérêts particuliers, en l'espèce pharmaceutiques, et en contradiction grave avec l'intérêt général. [Se rappeler aussi que peu après, un scandale sanitaire éclatait, l'expérimentation d'un médicament ayant fait des morts, précisément parce que le laboratoire avait tranquillement sauté des étapes dans l'expérimentation].
Alors quoi que puisse dire Macron, ce qu'on peut attendre de lui est nettement dessiné par ce projet de loi.
Dommage! Lui qui avait enfin découvert le secret du pédalo, à savoir qu'on peut pédaler du pied gauche et du pied droit... même en marche arrière!
Du coté de Fillon, pas besoin de chercher très loin dans le labyrinthe de ses affaires. Mais ce qui le révèle plus que tout dans les turpitudes qu'on lui connaît, c'est d'avoir brisé en deux le contrat d'assistante parlementaire de la tenante légitime du contrat, d'ailleurs payée à ras de terre, l'autre moitié étant payée à Pénélope à un salaire de ministre. Laquelle assistante, si elle n'a pas été proprement virée, le doit probablement à la nécessité d'avoir quelqu'un pour faire le boulot. Comment, agissant ainsi en privé (si l'on peut dire puisqu'il s'agit de fonds publics), un homme va-t-il agir dans une fonction politique majeure?
Il est vrai que Fillon en a déjà fait la démonstation en se faisant le paillasson de Sarkozy cinq ans durant. Allez, puisqu'au moins il est bien habillé, disons le majordome!
Alors, voudrait-on de l'un de ces deux hommes comme chef d'État, leurs «programmes» seraient-ils époustouflants et géniaux, seraient-ils sans conteste LA solution pour la France (et dieu sait qu'on en est vraiment très loin!)?
1er avril
Quoi qu'on pense du "projet" de Macron, ce dernier commet une erreur stratégique qui lui sera sans doute fatale à assez court terme, surtout s'il est élu.
Quand on veut, et on ne peut que l'approuver sur ce point, renouveler la politique et les visages politiques, bref refonder la politique actuellement dévoyée, il est absolument nécessaire de s'entourer d'équipes dont la loyauté et l'attachement à la cause est sans faille. Ces proches à leur tour pouvant en toute confiance se mettre en branle pour "assainir" des cercles de plus en plus larges. Mais c'est un processus qui prend du temps, beaucoup de temps.
C'est bien pourquoi (et non en raison de son âge et de son inexpérience) que Macron fait une énorme erreur en cherchant à se faire élire à cette présidentielle 2017.
(On peut noter au passage que son nouvel "ami" Manuel Valls a fait pour d'autres raisons la même erreur : lui a cru, dans le mépris le plus total des électeurs et comme Sakozy 5 ans plus tôt, qu'il pouvait se faire élire sur les bases d'un bilan désastreux.)
Mais il a choisi la voie express pour le pouvoir : s'il est élu il sera contraint de s'en remettre en grande partie à des gens happés à sa cause à la volée, dont il ne pourra en rien contrôler ni la loyauté ni les agissements, en bref des gens devenus puissants dans la sphère politique qu'il prétend dépasser, voire abattre (du moins en parole), et dont il aura à coup sûr tout à craindre.
Ne pas chercher à se faire élire cette année lui aurait permis, si son "projet" en est réellement un, de se faire connaître et de s'appuyer sur des caractères solides et fiables. Puis en 2022 d'arriver armé de pied en cap.
Macron met de lui-même les pieds dans une mécanique qui forcément le détruira, ou si ce n'est lui du moins le "projet" qu'il prétend avoir. Lui-même à vrai dire peut certes s'en tirer, tant il est habile communicant, mais il n'a aucune chance d'instaurer mieux qu'un mauvais ragoût de compromis.
C'est d'ailleurs exactement le contraire pour Mélanchon, qui lui a suivi cette stratégie de long terme et sera en mesure, le moment venu, de déployer non seulement des personnes, mais surtout l'état d'esprit qui seul peut véritablement et durablement refonder la politique.
18 mars
« Donnons sa chance au changement ! », dit une participante à la marche de Mélanchon ce samedi 18 mars. On ne saurait mieux dire... même en ces murs !
Quant à organiser une manifestation, qui plus est hardiment joviale, pour une idée aux atours aussi peu sexy qu'un changement de constitution, n'est-ce pas le signe d'une vraie vision et d'un vrai courage politiques ?
Le contresens absolu : Manifestation pour Fillon (et anti-Justice). C'est déjà vrai de quiconque aspire à un emploi : on offre ses services à un employeur ; et dans le cas de l'élection présidentielle, la chose prend un tour shakespearien : on s'offre à son pays.
En organisant une manifestation de soutien à sa personne, Fillon réalise l'exploit inverse: il demande aux Français de s'offrir à lui. Démesure de la bêtise ou de la folie? Après tout c'est assez shakespearien aussi...
Élection à l'immunité présidentielle. Merci à ces candidats vibrants d'honneur, quel sens de l'État. Ne serait-ce pas d'une folle gaieté d'avoir à promener sur la planète un Président mis en examen? Élu en connaissance de cause au suffrage universel?
Au moins quand les Français (et autres voisins) rampaient naguère sous dictatures et tyrannies, au moins ne les avaient-ils pas voulues....